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François de TROY et atelier Toulouse, 1645 - Paris, 1730 Portrait de Philippe de France, duc d'Orléans, frère du roi Louis XIV Huile sur toile (Restaurations anciennes) Portrait of the duke of Orleans, oil on canvas, by Fr. de Troy and workshop 125,50 x 93 cm (49,41 x 36,61 in.) Provenance : Collection particulière, Oeiras, Portugal Commentaire : Inédit et parvenu jusqu'à nous avec une attribution à Pierre Mignard, ce séduisant portrait du frère du roi Louis XIV se situe dans les premières années d'activité de la carrière de François de Troy. Arrivé à Paris au milieu des années 1660, le peintre évolue dans le cercle de Charles Le Brun lorsque ce dernier dirige la décoration des grandes maisons royales et obtient en 1671 ses premières commandes princières. Monsieur, frère du roi, est ici peint en chef de guerre, ce qui nous permet de situer la réalisation de la toile peu après la bataille de Cassel de 1677, son seul fait militaire comme nous le verrons plus avant. La mise en scène est somptueuse, digne d'un souverain. Le luxe de l'armure, de l'épée, du casque et du bâton de commandement impressionnent et sont bien de mise avec la préciosité qu'affectionnait tant le frère du roi. Son long nez et son menton à fossette identifient le modèle rapidement, la pose pleine de noblesse, l'élégance des mains et le jeu des rouges entre le large nœud et les lèvres ont un objectif évident : la séduction. En arrière-plan, malgré un fond usé, se distinguerait volontiers le mont Cassel, lieu où la gloire vint couronner ce grand prince d'Europe : " Philippe va plus viste & son courage est tel, Que passant les exploits des plus grands capitaines, Dès son premier triomphe il se rend immortel" ('Le Nouveau Mercure Galant', mai 1677, t. III). En avril 1677, Louis XIV était devant Cambrai et Monsieur devant Cassel. Parce que Louis XIV ne pouvait faire figurer cette victoire à son actif, la représentation de la bataille de Cassel ne fit pas l'objet de l'attention qu'elle méritait et Adam-Frans van der Meulen de l'intégra ni dans son cycle de l'Histoire du Roy, ni dans celui des Conquestes du Roy. La bataille de la Peene, appelée aussi troisième bataille de Cassel, est pourtant un épisode majeur des guerres de Hollande (1672-1678). Cette bataille opposa l'armée française aux troupes coalisées des Provinces-Unies, de l'Espagne et de l'Angleterre. Elle fut livrée les 10 et 11 avril 1677 entre Noordpeene et Zuytpeene, deux villages situés sur la rive droite de la rivière Peene Becque, en Flandre, entre Cassel et Saint-Omer, l'enjeu étant la prise de cette dernière ville. En prenant Valenciennes, Cambrai et Saint-Omer, Louis XIV veut assurer à jamais le repos de ses frontières. Il s'est proposé de délivrer ses États des maux que Saint-Omer, seule place de l'Artois qui appartient encore aux Pays-Bas espagnols, leur cause, en troublant le commerce des pays conquis, entre Dunkerque et Arras. Aux premiers bruits du siège de Valenciennes, les alliés coalisés s'alarment et obligent le stathouder Guillaume III d'Orange à rassembler promptement son armée devant Saint-Omer. Il accourt de Hollande à la tête de la plus florissante armée que n'eussent jamais mise sur pied les États généraux des Provinces-Unies. Eugène de Montmorency, prince de Robecq, l'assure que Monsieur a peu de troupes avec lui pour le siège de Saint-Omer, mais qu'il faut faire vite. Le prince d'Orange s'en approche donc en toute hâte le 10 avril 1677. Le prince d'Orange est sûr d'être victorieux, il a rassemblé 30 000 hommes aux environs d'Ypres, située à 55 km à l'est de Saint-Omer. Il passe par Poperinge et vient camper le 9 avril à Sainte-Marie-Cappel. Le lendemain, au point du jour, il contourne Cassel par l'Ouest, se rend à Bavinchove et Zuytpeene et, côtoyant la rive droite de la Peene Becque, il arrête ses troupes entre ce dernier village et Noordpeene. Là, à une demi-lieue du campement français, le prince range son armée sur cinq colonnes. C'est le 10 avril 1677 à midi que l'armée des coalisés est en présence de celle de Monsieur, campée au-delà des ruisseaux : ce lieu est marécageux et incommode. La première chose que le prince Guillaume d'Orange veut entreprendre, c'est de secourir Saint-Omer du côté du bac, qui paraît l'unique voie. À cet effet, il commande à ses dragons de se saisir de l'abbaye de Peene. Mille obstacles l'arrêtent dans ce projet. Il le reconnaît avec amertume et se voit obligé de livrer bataille, chose qu'il désire du reste, car il se croit supérieur aux Français. Dès le point du jour du 11 avril, dimanche des Rameaux, le prince est dans la plaine. Les Français l'y ont laissé s'avancer... Guillaume d'Orange se trouve bloqué par un autre ruisseau : la Lyncke. Le printemps a été particulièrement pluvieux; les cours d'eaux sont à leur niveau le plus haut. La gravure de Beaulieu montre parfaitement l'encerclement par les riviè

paris, Francia